Le méchant diesel serait-il accusé à tort de tous les maux ? Oui en partie. En pointe dans la mesure de la pollution urbaine, l’Observatoire de la qualité de l’air en Ile-de-France vient de jeter un pavé dans la mare en révélant que 41% des particules fines en suspension (PM10) émises par le trafic routier francilien viendraient en fait de l’abrasion des pneus, du revêtement routier et du freinage.
Pointé du doigt par les écologistes, sanctionné par de nouvelles mesures fiscales, le diesel est considéré comme le grand responsable de la pollution urbaine. Si les vieux moteurs au gazole continuent bel et bien de polluer, les nouvelles motorisations diesel ne sont pas plus polluantes que la plupart des voitures essence, surtout au regard de la pollution issue des pneus, du revêtement routier et du freinage.
La motorisation est en effet loin d’être la seule source de pollution aux particules fines. Ainsi, l’usure des plaquettes de freins représenterait à elle seule 20% de l’ensemble des particules émises par le trafic routier. A chaque freinage appuyé, le frottement des plaquettes avec le disque émettrait de nombreuses particules fines, évaluées à 20 000 tonnes par an en France, selon l’Institut de sciences appliquées (INSA) de Lyon.
Carbone, cuivre, zinc?
Concrètement, le simple freinage d’une voiture moyenne du type Renault Mégane produirait environ 30 milligrammes (mg) de particules par kilomètre parcouru, une pollution loin d’être négligeable et tout aussi dangereuse que celle issue des pots d’échappement. On y retrouve du carbone et des particules de métaux lourds très toxiques comme du cuivre, du plomb, du zinc, ou encore du cadmium, susceptibles de favoriser des crises d’asthme, des bronchites, voire des cancers. Et matière de pollution issue des freinages, les voitures électriques ne sont pas plus propres que les véhicules classiques.
Consciente du problème, la Commission européenne a lancé un appel à projets dans le cadre de son programme de recherche Horizon 2020, pour réduire de 50% les émissions issues de l’abrasion d’ici 5 ans. De son côté, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a intégré la problématique de la pollution des particules hors pot d’échappement dans son appel à projets Cortea 2015 sur la connaissance, la réduction à la source et le traitement des émissions dans l’air.
Moteurs encore plus propres fin 2015
En attendant de trouver des solutions pour réduire cette pollution, les moteurs seront encore plus « propres » à la fin de l’année. A partir du 1er septembre 2015, la norme Euro 6 imposera aux véhicules neufs de limiter l’émission de leur moteur à 5 mg/km la masse de particules émises par les diesels, et 4,5 mg/km celle des moteurs essence.