Avec un potentiel estimé entre 50 et 100 GW dans le monde (3 GW en France), les perspectives économiques et industrielles de l’énergie marine sont très prometteuses. De quoi renforcer les ambitions de la France dans le secteur de l’hydrolien.
Encore au stade de la recherche et de l’expérimentation, les énergies marines n’en restent pas moins, en France, un secteur stratégique d’avenir. Et pour cause, selon le Syndicat des énergies renouvelables (SER), « la France possède le deuxième espace maritime au monde, avec 11 millions de km2 et des milliers de kilomètres de côtes ». Une situation géographique qui permet à l’Hexagone « de bénéficier d’un potentiel de développement des énergies marines renouvelables parmi le plus importants d’Europe ».
Parmi ces énergies marines l’hydrolien suscite un intérêt certain, et ce malgré la décision récente d’Engie d’abandonner le projet de ferme pilote dans le raz Blanchard (Manche). Baptisé « Nepthyp », ce projet prévoyait d’exploiter quatre hydroliennes « Océade » fournies par General Electric (GE) d’une capacité de 1,4 mégawatt (MW) chacune, au large de la pointe nord-ouest du Cotentin. « Le manque de visibilité de la part d’un des fournisseurs sur le développement de sa technologie nous conduit à arrêter le projet Nepthyp », indiquait en janvier un porte-parole d’Engie. Il faisait allusion à l’information dévoilée par Les Echos et confirmée par GE France selon laquelle le groupe américain avait décidé de suspendre son activité de fabricant d’hydroliennes. « Le marché n’est pas au rendez-vous des espoirs suscités entre 2009 et 2013 », avait expliqué GE pour justifier sa décision.
Un secteur d’avenir
S’il est vrai que « mondialement, le marché des hydroliennes ne démarre pas », comme le confiait à Usine nouvelle Laurent Michel, directeur général de l’Energie et du Climat pour le ministère de l’Environnement, « cela ne signifie pas que nos objectifs dans l’hydrolien sont hors d’atteinte ». Au contraire : le potentiel hydrolien de la France représente à lui seul 20% du potentiel européen, soit 3 000 MW. Et, selon l’association Ocean Energy Europe, « le secteur hydrolien pourrait contribuer à la création de 10 à 12 emplois directs et indirects par mégawatheure installé ». Une donnée non négligeable surtout lorsque l’on sait que les groupes DCNS et EDF comptent déployer, d’ici 2018, jusqu’à 14 MW de puissance hydrolienne au large de Cherbourg, selon le site Greenetvert. DCNS Energies « devrait avoir créé une quarantaine d’emplois avec une première usine de production d’hydroliennes basée sur la côte manchoise » en 2018. Des emplois auxquels s’ajouteraient « ceux des 250 ingénieurs et techniciens mobilisés » au sein de la cellule R&D de DCNS.
Mais ce n’est pas tout. En effet, comme le rapporte EDF, le gouvernement « considère que les hydroliennes sont plus prometteuses que les éoliennes et l’énergie houlomotrice (provenant des vagues et de la houle) », et semble bien décidé à faire en sorte que la France joue un rôle leader dans le développement de cette énergie 100% propre.
Une énergie propre, prévisible et inépuisable
Comme son nom l’indique, l’hydrolienne est une cousine proche de l’éolienne. Ses pales sont simplement mises en mouvement non par le vent mais par les courants marins. Immergée à des profondeurs de 30 à 40 mètres, les hydroliennes doivent pouvoir bénéficier de courants importants. D’un diamètre approchant les 20 mètres, l’hélice dont elles sont dotées transforme l’énergie cinétique des courants marins en énergie mécanique, cette dernière étant à son tour convertie en électricité. Trois à quatre fois moins imposantes que les éoliennes, les hydroliennes produisent une énergie quasi constante et prévisible, l’amplitude des marées pouvant être connue à l’avance. Une énergie inépuisable et écologique donc, qui jouit également d’un potentiel de développement important à l’international. Le Canada, l’Asie du Sud-est ou encore l’archipel indonésien se sont en effet fixé un rythme de développement de l’hydrolien ambitieux pour les prochaines années.
En France, malgré l’abandon du projet Nepthyp, la filière industrielle reste prometteuse. Le projet Normandie Hydro, mené par EDF, qui s’inscrit dans la continuité du déploiement du parc expérimental de Paimpol-Bréhat (Côtes d’Armor), devra tester la viabilité technico-économique de l’exploitation de cette énergie marine. « En 2018, sept turbines seront mises à l’eau au raz Blanchard, dans une ferme pilote. Nous voulons démontrer que la production d’énergie hydrolienne est possible et travailler sur son modèle économique », expliquait à Ouest France Thierry Kalanquin, président d’OpenHydro, filiale de DCNS spécialisée dans l’hydrolien. Preuve que l’hydrolien reste une énergie prometteuse, fiable, inépuisable et décarbonée. Indispensable pour faire face aux défis énergétiques de demain.
Crédits photo : @EDF – BETERMIN FRANCK