2017 : l’année du thermique modernisé ?

CCG Bouchain

Avec la mise en arrêt pour contrôles de plusieurs réacteurs nucléaires sur le territoire, le thermique apparaît comme un véritable recours et prouve sa rentabilité, sa fiabilité et sa complémentarité avec les énergies renouvelables nouvellement introduites dans les réseaux français. Fort de ses atouts, le gaz semble occuper une place de choix dans le mix énergétique français.

2017 sera-t-elle placée sous le signe du thermique ? C’est, à en croire les chiffres publiés le 19 décembre dernier par RTE (Réseau de transport d’électricité), la tendance qui se profile dans le secteur énergétique français après une année 2016 marquée par une baisse de la production nucléaire. Avec près d’un tiers des réacteurs du parc à l’arrêt en octobre dernier, le nucléaire a cédé du terrain au thermique à flamme dont la production a atteint en novembre son plus haut niveau depuis février 2012 (6,7 TWh). Principal palliatif à cette baisse de production (chiffrée à 13 % par RTE), le gaz a particulièrement tiré son épingle du jeu, fournissant 76 % l’énergie thermique produite.

Fortement mises à contribution dans les régions Grand-Est, Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur, les 14 centrales à gaz naturel du pays n’avaient pas fourni une telle quantité d’électricité depuis 2008. Avec la fraicheur des températures de novembre, les besoins énergétiques ont grimpé de 8 % par rapport à la même période de l’année précédente. Le recours au thermique, et notamment au gaz, dont la production a été multipliée par 2,75 dans le monde ces dernières quarante années, a donc permis aux ménages français de passer l’automne sans pâtir de l’augmentation du prix de l’électricité, au plus haut depuis cinq ans (65,14 euros/KWh).

Centrales thermiques modernisées, rendement décuplé

Ayant pour principal inconvénient de nécessiter le recours à des énergies fossiles (charbon, fioul ou gaz naturel) émettrices, lors de leur combustion, de gaz à effets de serre, les centrales thermiques n’en demeurent pas moins perfectibles et susceptibles d’être associées à des technologies respectueuses de l’environnement. Caractérisées par un meilleur rendement, les centrales dites « supercritiques » (ou « ultra supercritiques ») ont la particularité de produire plus d’électricité pour une même quantité de charbon, fioul ou gaz naturel brûlée. Ce qui, concrètement, signifie à la fois des coûts moins élevés par mégawatt et moins d’émissions polluantes. Un moyen rentable de combiner transition énergétique et modernisation du parc thermique national.

Modernisation également caractérisée par la croissance de la part des centrales à cycle combiné (CCG) dans le mix énergétique français. Composées d’une turbine à combustion et d’une turbine à vapeur (contrairement aux centrales thermique classique qui ne comportent qu’une turbine à combustion classique), les centrales à cycle combiné permettent de réduire de moitié les émissions atmosphériques de dioxyde de carbone, de diviser par trois les émissions d’oxydes d’azote et de quasiment supprimer les émissions d’oxydes de soufre par rapport aux moyens de production « classiques », au charbon notamment. Construite par EDF en partenariat avec General Electric, mise en service industriel le 26 juillet 2016 et équipée d’un tel dispositif, la centrale à cycle combiné au gaz naturel de Bouchain (Nord) a une puissance installée de 605 MW, soit l’équivalent de la consommation en électricité de 680 000 foyers français.

Le gaz, élément clef de la transition énergétique ?

Moins cher et plus propre que le charbon ou le fioul, le gaz naturel présente également l’avantage d’être plus rapide à mobiliser. Quelques minutes, c’est le temps qu’il suffit à une centrale à gaz pour atteindre sa pleine puissance et à injecter l’électricité produite dans les réseaux. Ce qui est loin d’être le cas d’autres sources d’énergie, en particulier les énergies renouvelables (EnR), caractérisées par leur dépendance à l’environnement extérieur (vent, soleil, courant, etc.) et donc, par leur intermittence. Energies renouvelables dont la croissance semble, de plus, marquer le pas en 2016. Malgré un accroissement de la puissance installée en éolien (+ 12,1 %) et en photovoltaïque (+ 9,4 %) en France depuis un an, la production d’électricité issue des énergies vertes en novembre 2016 a été inférieure à celle de novembre 2015.

Au coeur d’une période transitoire caractérisée par une forte volonté politique d’augmenter la part des renouvelables dans le mix énergétique français, la fiabilité et la vitesse de sollicitation des centrales à gaz, et du thermique en général, en font un véritable complément aux autres sources d’énergie. Palliant les manques occasionnés lors de mises à l’arrêt de réacteurs nucléaires d’une part, rééquilibrant une production encore trop instable des énergies renouvelables de l’autre, la filière gazière pourrait également jouer un rôle prépondérant en matière de stockage d’énergie verte. Permettant de conserver la surproduction d’énergie sous forme d’hydrogène ou de méthane de synthèse et de l’injecter dans des infrastructures fonctionnant au gaz, la technologie « Power to Gas » pourrait, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), être opérationnelle en France en 2030 et positionner ainsi le gaz comme acteur majeur de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique.

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